En Géorgie pour le baptême du Christ

Le 19 janvier, jour du baptême du Christ (Крещение Господине), toutes les eaux sont réputées saintes. J’ouvre le robinet: pas d’eau. Détail d’autant plus poilant que je me trouve à Borjomi, ville thermale réputée dans toute l’ex-Union soviétique. Je suis mauvaise langue; un quart d’heure plus tard, l’eau est déjà de retour. La serveuse sursaute en me voyant: mal indiqué et en basse saison, le restaurant ne voit certainement pas de clients tous les jours!

Pour cette fête, la tradition enjoint de se baigner à l’air libre. A l’instar des russes pataugeant entourés de glaces, je m’enfonce dans la forêt pour rejoindre une source d’eau chaude aménagée. Je croise une famille venue pour l’occasion: « En Suisse, vos eaux thermales sont sûrement meilleures, me dit l’homme confondant, comme tant d’autres, Suisse et paradis. Nous avons des infrastructures plus développées, répondis-je.

- C’est mieux alors ?

- Ça dépend du point de vue. Si cette source était en Suisse, il y aurait certainement plus de bassins, une buvette, des casiers et un grand parking. Tu ne devrais plus marcher une demi-heure dans la nature et la forêt serait un peu plus loin…»

En ce jour, le prêtre baptise à la chaîne. Les enfants, à peine séchés, reçoivent, dans la foulée la première communion et la chrismation (confirmation). Les bambins pleurent en chœur. Les parents rigolent. Peut-être sont-ils frappés par l’Esprit-Saint. Le cabinet de mon père, pédiatre, apparaît soudain si calme et paisible. Le  rituel, long et complexe, en comparaison à l’Eglise catholique, amène rapidement aux frontières de l’indicible et permet d’imaginer l’étendue du mystère encore amplifiée par la quasi absence de prêche.

Tout le nécessaire pour la fête: un châle pour se couvrir dans l'Eglise, des bougies pour les prières devant les icônes, une bouteille pour rapporter de l'eau bénite à la maison et un porte-monnaie pour acheter des bougies.

Les deux saints les plus populaires de Géorgie: Nino, ayant apporté le Christianisme en Géorgie à la croix si particulière et Saint Georges tuant le dragon.

Le prêtre asperge par trois fois sous le regard amusé des parents et celui terrorisé des suivants.

De l'huile sur un pinceau pour faire des signes de croix sur le visage et les mains.

Le coupage de quelques cheveux.

Bénédiction des croix ...

...En espérant que toutes les croix aient des signes distinctifs.

Trois petits tours autour du bénitier.

Une dernière bénédiction.

En guise de clôture, le prêtre remplit les certificats de baptême.