Lettonie: entre musique et tradition, mi-juillet et début août

Où es-tu, castor mon ami?

 

J'ai eu la chance de traverser deux fois la Lettonie. Une première fois pour rejoindre l'Estonie, une deuxième fois pour atteindre la Biélorussie. 

Dans les pays baltes, les champs et les forêts sont vastes et leur beauté peut se révéler à tout moment. 


Evidemment, ce genre d'espace boisé n'est pas idéal pour le camping. Heureusement, la forêt est en général moins hostile et les paysans sont accueillants; quand on les trouve.
La campagne est étrangement vide et les villes de la périphérie trop calmes. La population des trois pays baltes qui n'a jamais été très importante a fortement chuté à partir des années 90 en raison de l'émigration et du taux de fécondité peu élevé. Ainsi, la population totale de la Lettonie a chuté de 23% entre 1991 et 2011 pour atteindre deux millions aujourd'hui.

 

 

Il est particulièrement agréable de pouvoir camper et pédaler à peu près n'importe où...

A Riga, j'ai eu la chance, de participer à des concerts de skinheads russes progressistes au fond d'une cave lugubre, où les habitués dansaient comme des dératés à la manière d'électrons libres qui de temps en temps s'entrechoquaient.  J'ai pas tout à fait saisi de quel style de musique il s'agissait exactement. Si quelqu'un peut éclairer ma lanterne, j'en serais fort aise!!! Voici un extrait: https://www.youtube.com/watch?v=VEnxl9Dq_lI .

J'ai beaucoup aprécié les discours avant chaque chanson qui m'ont familiarisé avec une Russie jeune, citadine et underground. Pendant une demi-heure, un chanteur-compositeur avec sa guitare sous le bras a fait des solos et les paroles étaient même compréhensibles, ce qui est assez surprenant au vue des autres groupes ...

50% des lettons joueraient d'un instrument et le chant n'est pas une discipline délaissée ce qui est visible tant dans un karaoké quelconque de Riga que lors de la fête de musique populaire Baltica.

Après un concert de style over death trash metal, la musique populaire rafraîchit ...

Musée de la deuxième guerre mondiale d'Aglona: "Entre deux maux, il faut choisir le moindre ", Dans le cas présent: Stalinisme ou nazisme?

 

A mon deuxième passage en Lettonie, je traverse l’Est du pays. Comme dans le reste du pays, le russe s’entend un peu partout. Il devient même majoritaire dans le sud.

 

 La fin du régime communiste a mis cette région dans des difficultés économiques importantes, et surtout, ses habitants sont passés du statut de majorité à celui de minorité suspecte, parlant la langue de l’occupant et pas toujours désireux d’apprendre la nouvelle langue nationale, le letton, qui était, par le passé, une langue régionale parmi tant d’autres. L’entrée dans l’union européenne  les a paupérisés, mettant en faillite des entreprises trop faibles face aux rouleaux compresseurs occidentaux. La télévision  russe est la référence et Vladimir Poutine est apprécié. Cette région est la plus pauvre de Lettonie et on murmure que le gouvernement ne veut pas investir pour une population rurale et russophone.

Mais la tendance politique actuelle n'est plus à l'oubli. Au vu de la situation en Ukraine, les  pays baltes craignent une tentative d’annexion de ces régions par la Russie, dans sa croisade pour la défense des peuples russophones. La Lettonie et les Européens parlent de lancer une chaîne de télévision lettone en russe pour diffuser un autre son de cloches. Aux frontières est des pays baltes, l'aide de l'OTAN et des Etats-Unis se développe, les rangs de l'armée nationale se resserrent, les effectifs grossissent. Les garde-frontières estoniens ont reçu l'ordre de tirer s'ils voyaient apparaître sur la frontière "des hommes verts" sans signe militaire distinctif. Les Lituaniens ont, pour leur part, réhabilité le service militaire obligatoire.

Les vieux-croyants orthodoxes sont nombreux dans la région du sud-est. Ils ont fui la Russie  vers les marges de l’empire, après avoir refusé les réformes de l’Eglise orthodoxe de 1667 désireuse de se rapprocher des autres Eglises orthodoxes. Les revendications de l'Eglise schismatique peuvent paraître futiles, comme par exemple le refus de se signer avec trois doigts plutôt qu'avec deux. Elles sont à comprendre dans une perspective plus large de tractations politiques, exégèse biblique et rapprochement avec l'Occident. 

 


Le jeune Iouri se laissera-t-il pousser la barbe pour se conformer la tradition des vieux-croyants comme l''a fait son père? Dans la Russie médiévale, la barbe longue était considérée comme une exigence divine, permettant à l’homme de ressembler à Dieu, le différenciant de l’animal et démontrant sa supériorité sur la femme (A. Leroy-Beaulieu, l’Empire des tsars et les russes, Tome 3, L’Age de l’Homme, 1988, Lausanne, p.353-357). Pierre le Grand avait imposé un impôt sur la barbe en 1704 pour mettre fin à une pratique qu’il jugeait rétrograde. Les vieux-croyants et d’autres traditionalistes au côté du clergé ont, cependant, su perpétuer la tradition jusqu’à aujourd’hui.

De l'avis du peintre, seul le tableau du milieu avec Gorbatchev, Lénine et Marx n’est pas purement esthétique. Il s’intitule : « Futur lumineux pour toute l’humanité ».

 

Mon séjour en terre balte se termine aussi bien qu’il avait commencé dans un motel perdu entre lacs et forêts de pins. Le mari s’adonne à la peinture et s’occupe des poules, des dindes, des chats et du veau dans une retraite bien méritée. La patronne, cuisine pour les hôtes ce qu’elle trouve dans son frigo et passe sa soirée à sympathiser dans la chaleur humide de la sauna,  jalonnée par des pauses pour goûter à la fraîcheur du lac voisin, avaler concombres, pains fourrés et autres crudités et se désaltérer à coup de samagon fait maison (ancêtre de la vodka).


Tout y est: feu de bois pour l'odeur, branches de bouleaux pour se fouetter et accélérer ainsi la circulation sanguine, pommeau de douche pour humidifier constamment les pierres, lacs dans les environs et salle de repos pour se sustenter!